Le
jeu d’échec |
Le jeu d’échec
est un jeu d’intelligence et de stratégie dont le but est évidemment
la victoire,
laquelle prend toute sa valeur si on l’obtient avec noblesse en tenant
compte de la symbolique et de l’esthétique du jeu.
Si cette approche vous est étrangère, voici quelques éléments
(synthèse d’un article d’Olivier Clerc relatif
au championnat du monde d’échec) qui vous suggèrerons une
analyse inhabituelle :
Olivier
Clerc
Conférencier, éditeur, traducteur, interprète et journaliste, spécialisé dans tout ce qui contribue au mieux-être individuel et collectif : santé, développement personnel, spiritualité, relations humaines, écologie, social.
Les 16 pièces doivent être comprises comme la représentation, l’identification, des diverses composantes de notre entité.
Le Roi et la Reine :
L’esprit et l’âme sont les principes qui dominent notre existence.
Le roi représente l’esprit, principe immatériel qui dirige, ordonne, l’activité de tous les aspects de l’individu donc par transposition, de toutes les pièces. C’est un principe éternel, il ne peut pas mourir : quand le roi est « mat », la partie s’achève. L’esprit se désincarne, mais ne meurt pas. Il domine le temps, mais pas l’espace. D’où la dimension limitée de ses déplacements, une seule case à la fois.
La reine représente l’âme. L’âme, est un principe attaché à l’espace, à l’infini, qui fait le lien entre l’esprit et la matière. A ce titre elle est très active, très mobile, ses déplacements contrairement au roi, ne sont pas limités. Très symbolique : le jeu « peut perdre son âme » car la reine, n’est pas à l’abri de la destruction.
Le fou, le cavalier et la tour :
Pourquoi deux pièces : Le monde matériel est celui de la bipolarité : bien/mal, existence/mort, ombre/lumière, etc…, alors que le spirituel est un monde d’unité. Nos pensées, nos sentiments et nos actes peuvent être influencées consciemment ou inconsciemment, par la lumière ou par l’ombre.
Le Fou :
C’est l’intellect. Il se déplace en diagonale, mais biaise sur une seule couleur. C’est pour cela qu’il est plus efficace lorsqu’il est associé au fou complémentaire. L’intellect a aussi cette tendance à biaiser, à ruser, il ne reste pas de lui-même sur le droit chemin.
Le Cavalier :
Représente le côté affectif : c’est le cœur, les sentiments. Son déplacement a d’ailleurs quelque chose d’irrationnel. C’est la seule des trois pièces à se mouvoir dans huit directions dont elle est le centre. Cette menace circulaire, par rapport à celle linéaire du fou, correspond bien au sentiment (le cheval) qui est un monde d’émanation alors que la pensée (le fou) est une forme de rayonnement. La pensée, comme la lumière, s’arrête à la surface des choses, leur apparence, comme le fou peut être arrêté par une pièce sur sa diagonale. Le sentiment pénètre les choses, va en profondeur, comme le cheval qui peut sauter par-dessus les autres pièces et s’introduire au milieu des positions adverses. On ne peut pas limiter son rayon d’action.
La Tour :
Représente le corps physique.
La tour, édifice en pierre, est la pièce la plus éloignée du roi, l’esprit. Elle représente bien le corps : c’est d’ailleurs la pièce la plus longue à se mettre en action, mais aussi la plus puissante des trois dans la matière, puisque c’est son monde. Elle quadrille l’échiquier de façon redoutable.
Le Pion :
Le pion est lui aussi une expression de nous-mêmes, de la volonté qui nous pousse à aller de l’avant, à évoluer. C’est le soldat ordinaire, qui a peu de moyens. Il ne peut qu’aller tout droit, sans possibilité de recul : sa marche est inéluctable. C’est seulement pour « manger » un adversaire qu’il emprunte occasionnellement une case en diagonale. Mais, malgré ses faibles possibilités, il porte en lui les germes de sa transcendance. En effet, s’il persévère dans son avance jusqu’à la dernière rangée, il est promu à un rang supérieur. Il a 7 cases à franchir pour atteindre cette promotion, que l’on peut assimiler aux sept degrés dont on dit que se compose l’initiation qui conduit à la maîtrise intérieure. La promotion du pion fait appel à sa liberté de choix, la sagesse lui indiquant la valeur de la pièce susceptible de provoquer rapidement et avec noblesse la chute du roi adverse. Le fait que le pion ne devienne au mieux qu’une reine, et non un roi, indique qu’il reste assujetti à un principe unique.
Le Roque :
Le roque prend à son tour une dimension symbolique très intéressante.
Qu’est-ce que le roque ? Le roi avance exceptionnellement de deux cases dans la direction d’une tour et celle-ci vient se placer contre lui, de l’autre côté. Symboliquement l’esprit s’enfonce dans la matière pour permettre au corps d’évoluer plus rapidement. Ce mouvement surprenant est une illustration remarquable du principe d’involution / évolution. C’est parce que le roi, l’esprit, accepte de régresser, de se limiter, que le corps physique, la tour, peut évoluer, s’élever vers l’esprit et surpasser ses propres limites.
Commentaires :
Ces explications changeront, peut-être, votre façon d’appréhender ce jeu.
Cette manière d’approcher les échecs est censée apporter une transformation des autres activités de celui qui s’y applique, du sport aux relations humaines, de la famille à ses activités professionnelles.Cependant, on peut très bien jouer aux échecs sans sacrifier à la rhétorique d’Olivier Clerc.
Il serait intéressant de connaître l’opinion des grands maîtres !
Sources
Avec l'aimable autorisation d'Olivier Clerc.
http://www.olivierclerc.fr.st
http://www.symbolesdevie.fr.st